Contents
- 1 La Tunisie entre le gouffre et le salut : la leçon brutale a-t-elle ouvert la voie à une réconciliation nationale ?
- 1.1 Qui détient réellement le pouvoir dans un pays ?
- 1.2 L’État profond : un réseau de l’ombre
- 1.3 La soupape de sécurité : le vrai gardien de l’État
- 1.4 Soupape ou État profond : qui gouverne la Tunisie ?
- 1.5 Kais Saied : la nouvelle figure de l’État profond
- 1.6 La mission réelle de Kais Saied : destruction méthodique
- 1.7 Qui gouverne réellement aujourd’hui en Tunisie ?
- 1.8 Pourquoi la volonté du peuple n’importe-t-elle pas ?
- 1.9 La Tunisie bouillonne… et l’heure décisive approche
- 1.10 L’opportunité de l’élite tunisienne : un pacte national éclairé
- 1.11 La prochaine révolution sera celle des esprits
- 1.12 Conclusion : La Tunisie avant 2030… vers où ?
La Tunisie entre le gouffre et le salut : la leçon brutale a-t-elle ouvert la voie à une réconciliation nationale ?
Dans le monde de la politique, aucun dirigeant – qu’il soit président ou roi – ne gouverne seul. Le pouvoir est toujours entouré de forces multiples qui le protègent, le surveillent, et parfois le contrôlent. Dans les pays avancés, lorsque ces forces sont légales et transparentes, on les appelle « soupape de sécurité ». Mais lorsqu’elles sont secrètes et hors d’atteinte, on les connaît dans les pays sous-développés sous le nom d’« État profond ».
Entre l’État profond et la soupape de sécurité, se définit la nature des régimes, se dessinent les destins des peuples, et se mènent les batailles entre tyrannie et liberté. Et au cœur de ce combat se trouve la Tunisie… oscillant depuis des années entre le rêve du salut et le cauchemar de l’effondrement.
Qui détient réellement le pouvoir dans un pays ?
Il n’existe pas de président ou de roi qui gouverne seul. Chaque dirigeant, aussi puissant soit-il, est maintenu en place par une élite spécifique, qui détient aussi le pouvoir de l’évincer à tout moment. Cette élite peut être visible et légitime dans les systèmes démocratiques, ou cachée et au-dessus des lois dans les régimes autoritaires.
Dans les pays avancés, les intérêts de cette élite sont directement liés à la stabilité de l’État et au bien-être des citoyens. Mais dans les pays sous-développés, ses intérêts sont intimement liés au dirigeant lui-même – à son maintien ou à son départ – même si cela implique la ruine du pays.
L’État profond : un réseau de l’ombre
Dans les régimes retardataires, l’État profond se compose de personnalités influentes au sein des institutions étatiques, notamment :
L’armée et les appareils sécuritaires
Les services de renseignement
Une justice instrumentalisée
Les grands hommes d’affaires
Les médias soumis
Ces forces n’agissent pas à la lumière de la loi, mais dans l’ombre. Elles contrôlent la scène politique, nomment et renversent les dirigeants, et remodèlent la vie politique selon leurs intérêts privés.
Caractéristiques principales de l’État profond :
Action non déclarée : elle agit en coulisses, bien que tout le monde sache qu’elle existe.
Protection des intérêts privés : elle place ses intérêts au-dessus de tout, même au prix de la destruction du pays.
Influence politique : via pressions, menaces ou fabrication de crises.
Contrôle de l’information et de l’opinion publique : manipulation des faits et orientation des débats.
Criminalisation de l’opposition : pour garder le monopole du discours.
Blocage des réformes : lorsqu’elles nuisent à ses privilèges.
Coordination avec des puissances étrangères pour maintenir son pouvoir.
La soupape de sécurité : le vrai gardien de l’État
À l’inverse, les pays développés disposent d’un mécanisme appelé « soupape de sécurité ».
Ce n’est pas un groupe secret ou un organe sécuritaire répressif, mais un réseau institutionnel transparent ayant un seul objectif : protéger l’État de l’effondrement, et non protéger le dirigeant contre son peuple.
Composantes de la soupape de sécurité :
Une justice indépendante : pour prévenir l’injustice et garantir l’équité.
Des institutions sécuritaires professionnelles : garantes de l’ordre, non de la répression.
Une constitution claire et des lois stables : qui régulent les pouvoirs et préservent les droits.
Une presse libre : qui dénonce la corruption et surveille le pouvoir.
Une société civile active : médiateur entre l’État et les citoyens.
Une économie productive et autonome : qui diminue les crises et stabilise le pays.
Un dialogue politique fonctionnel : pour prévenir les explosions sociales et garantir la paix civile.
Dans ce cadre, les institutions ne sont pas des outils au service du dirigeant, mais les garants de la continuité de l’État, qu’il reste en place ou qu’il parte.
Soupape ou État profond : qui gouverne la Tunisie ?
Dans le cas tunisien, ce que l’on appelle « soupape de sécurité » est en réalité un État profond déguisé en légalité.
Des forces sécuritaires, militaires et de renseignement, détenant armes et informations, contrôlent les rouages de l’État en arrière-plan.
Ces forces continuent de gouverner malgré la révolution, en changeant les façades politiques à leur guise, et en redessinant la scène selon leurs intérêts.
Lorsque Ben Ali est tombé, ce n’était pas uniquement grâce à une « révolution populaire » : l’État profond s’était déjà détourné de lui, sur instructions venues de l’étranger.
Puis, il remit le pouvoir aux islamistes dans le cadre d’un accord clair : ne pas toucher à la présidence.
Et lorsqu’il n’avait plus besoin d’eux, Kais Saied fut propulsé sur le devant de la scène, avec l’appui total de ces mêmes forces.
Kais Saied : la nouvelle figure de l’État profond
Kais Saied fut élu en 2019 avec le soutien des islamistes eux-mêmes, par ignorance politique et naïveté stratégique.
Mais ce qu’ils ignoraient, c’est que la soupape de sécurité avait déjà décidé :
De lui confier la présidence
De lui permettre de modifier la constitution
De créer les conditions d’un coup contre les institutions
Et c’est ce qui s’est produit. Un nouveau projet a démarré : le démantèlement complet de ce qu’il restait de vie politique et civile en Tunisie.
La mission réelle de Kais Saied : destruction méthodique
Ceux qui ont porté Kais Saied au pouvoir ne l’ont pas fait par amour ou par respect de la volonté populaire, mais parce qu’il était l’homme de la situation, avec une mission bien définie :
Empêcher l’immigration vers l’Europe à tout prix
Transformer la Tunisie en zone tampon sans souveraineté, utilisée pour des expulsions massives
Détruire totalement la vie politique et civile du pays
Instaurer un climat de peur, de soumission, et démanteler l’État de l’intérieur
Il a été autorisé à :
Dissoudre le parlement
Arrêter les opposants
Museler la presse
Geler les partis
Asphyxier les associations
Détruire la justice
Et même à ruiner l’image internationale de la Tunisie.
Qui gouverne réellement aujourd’hui en Tunisie ?
La soupape de sécurité tunisienne – composée de hauts gradés, de chefs de la sécurité et de renseignements – est le véritable pouvoir.
Kais Saied n’est qu’une vitrine, appliquant les ordres en échange d’un soutien constant.
Ces forces :
Connaissent tous les secrets internes et externes
Gèrent les équilibres entre directives étrangères et intérêts locaux
Attendent simplement le bon moment pour se débarrasser de Saied, une fois sa mission accomplie
Pourquoi la volonté du peuple n’importe-t-elle pas ?
La réponse est simple : dans les pays faibles, le peuple ne représente pas une menace réelle, tant qu’il est désorganisé, politiquement ignorant, et guidé par l’émotion religieuse ou nationaliste.
Dans de telles situations, l’État profond préfère satisfaire les puissances étrangères, car sa survie dépend plus du regard extérieur que du soutien intérieur.
Le faible cherche à survivre…
Le fort cherche à dominer.
Voilà l’équation qui guide les choix de la soupape dans les pays du Sud.
La Tunisie bouillonne… et l’heure décisive approche
Tous les indicateurs montrent que la situation actuelle est intenable :
Économie en ruine
Services publics effondrés
Corruption généralisée
Sécurité fragile
Libertés absentes
Colère populaire grandissante
Tous ces facteurs annoncent une explosion imminente que l’État profond ne pourra pas étouffer cette fois-ci.
La soupape cherche déjà un remplaçant à Kais Saied, mais d’une manière qui ne dévoile pas le projet, ni ne plonge le pays dans le chaos.
Elle a besoin de :
Un bon timing
Un remplaçant accepté à l’international
Un nouveau récit de « salut national » à vendre à l’opinion
L’opportunité de l’élite tunisienne : un pacte national éclairé
C’est ici que la responsabilité de l’élite, de la société civile, des acteurs politiques et des intellectuels authentiques se manifeste.
L’opportunité existe de construire un front national civil unifié représentant une alternative démocratique.
Mais cela n’est possible que si :
Les différends idéologiques et personnels sont dépassés
Un pacte national civil, éclairé et humain est proposé
Un vrai projet politique est présenté – capable de convaincre le peuple et d’obliger l’État profond à lâcher Kais Saied
La prochaine révolution sera celle des esprits
La révolution à venir en Tunisie ne sera pas seulement celle des ventres vides, mais celle de la conscience et de la pensée.
Une révolution qui ne se contentera pas de slogans, mais portera une nouvelle vision dépassant les erreurs de la dernière décennie :
Pas de démocratie sans institutions solides
Pas de liberté sans société éveillée
Pas de prospérité sans projet économique autonome
Et pas de salut sans volonté collective transcendante
Comme l’a dit Abou El-Kacem Chebbi :
« Lorsque le peuple un jour veut la vie, le destin ne peut que lui répondre »
Oui, le destin répond lorsque la volonté est fondée sur la conscience, non sur l’émotion.
Conclusion : La Tunisie avant 2030… vers où ?
Tous les signaux montrent que la Tunisie est à un carrefour décisif.
Soit :
Continuer dans la dictature et sombrer totalement,
Soit :Revenir à un chemin civilisé et rationnel, dirigé par une nouvelle élite qui force la soupape à reculer.
L’occasion est réelle, et les signes avant-coureurs sont là.
L’essentiel est que l’élite sorte de son silence et qu’un projet national rassembleur voie le jour – pas seulement pour faire tomber un régime, mais pour bâtir un véritable État digne de la Tunisie et de son peuple.
Vive la Tunisie,
Et vive tout être libre, éclairé, humain et progressiste.