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Qu’est-ce que le réel ? Entre science et philosophie… entre gnose et mythe

Après avoir compris que la gnose propose une vision particulière de l’émergence de l’humanité sur Terre — et plus largement une conception globale de l’existence et de tout ce qu’elle contient — il devient évident que cette vision ne diffère pas fondamentalement entre les gnostiques, qu’ils soient indifférents, déistes ou athées.
Tous s’accordent à dire que le corps humain s’est formé dans le sein de l’animal avant de naître et de s’en détacher, donnant ainsi naissance au « monde humain » qui a conduit à l’apparition de l’homme dans sa forme actuelle.

La différence entre ces perspectives est relativement subtile.

Les déistes pensent que cette transformation était prédéterminée par une « souffle conscient », appelé Dieu ou le divin, présent en toute chose, et qui a permis l’apparition de l’existence.
Ils considèrent donc que l’existence est une manifestation divine au sein de la matière, à des degrés divers, ce qui explique la diversité du monde.
Autrement dit, c’est un souffle divin caché qui propulse le mouvement de l’existence.

Les athées, eux, estiment que ce changement s’est produit naturellement à partir des entités elles-mêmes — comme une conséquence logique de la structure originelle de l’existence, dans laquelle nous étions déjà, sans intervention d’aucune force externe ni interne.
Notre propre composition intérieure serait la force même qui a entraîné notre émergence.

La différence entre les deux visions semble superficielle à première vue, mais elle est en réalité profonde : les déistes considèrent que l’existence est l’expression du divin, tandis que les athées la voient comme le reflet de notre propre nature.

Quant aux indifférents, ils ne s’intéressent tout simplement pas à cette question.
Ce qui s’est passé s’est passé — qu’il s’agisse d’une force divine intérieure ou d’une résultante naturelle de l’existence.
Ce qui compte pour eux, c’est que nous existons maintenant, et qu’il n’est d’aucune utilité de chercher à comprendre ce qu’on ne peut ni prouver ni connaître : l’inconnaissable absolu.
Le vide véritable — le néant pur — reste en effet inconnaissable.
Nous ne savons pas s’il s’agit de nous-mêmes… ou de tout autre chose.

Les gnostiques considèrent que la gnose est une forme de connaissance d’abord perçue par les sens, ce qui ouvre la voie à l’expérience scientifique.
Ce n’est pas forcément une connaissance vraie, ni nécessairement fausse ;
c’est plutôt une autre dimension de la connaissance, vécue intérieurement à travers la conscience et l’expérience sensorielle directe, puis testée et expérimentée extérieurement par la raison et l’expérience matérielle concrète.

La gnose, du point de vue des déistes comme des athées, ne peut émerger du vide ou de quelque chose d’entièrement inconnu.
Même si l’origine est véritablement obscure ou floue, il nous incombe de prendre position, ou d’émettre une hypothèse, ou de bâtir un scénario sur lequel fonder notre réflexion.
Ces scénarios possibles supposent que l’inconnu ne peut être que l’un de ces deux pôles : « nous » ou « lui ».
C’est à partir de cette supposition que l’on construit une idée, qui devient alors une impulsion vers la vérité réelle.

Le gnostique ne rejette pas la raison, ne nie pas la connaissance,
mais il reconnaît qu’il existe des niveaux de compréhension plus profonds que l’analyse logique ou la réalité matérielle.
Ce sont ces niveaux qui lui permettent d’appréhender les grands phénomènes comme l’origine de l’existence, de l’homme et de l’univers.

Un exemple symbolique pour comprendre l’expérience gnostique

Pour rapprocher l’idée de l’esprit humain, prenons l’exemple suivant :

Imaginez un homme né et élevé dans le désert, dont l’univers se limite à quelques éléments :
des dunes plates, un ciel bleu semblable à une coupole, de petits cailloux faits de grains de sable, des nuits d’un noir absolu, des journées éclatantes, et des oasis d’où jaillit une eau fraîche.

Cet homme entre alors dans un état d’élévation spirituelle gnostique, s’appuyant sur ce que son esprit et ses sens ont absorbé comme savoir matériel, issu de son environnement immédiat.
Il s’élève ainsi au-delà du cadre matériel qui l’entoure, tentant d’explorer ce qui pourrait se trouver au-delà de ce désert et de tout ce qu’il renferme.

Dans son expérience, il voit des montagnes gigantesques couvrant le ciel, des mers vastes et transparentes, des vallées étendues, et des forêts sans fin.
Il peut même apercevoir des animaux dont il ne connaît ni le nom ni la forme.

Et lorsqu’il revient de son expérience gnostique… que pourrait-il bien dire ?

Il est certain de ce qu’il a vu, mais sa langue ne lui permet pas d’exprimer ce qu’il a perçu, ni de convaincre les autres de l’existence de ce qu’il a réellement vu.
Comment pourrait-il décrire ce que son esprit n’a jamais connu, et pour lequel aucun mot n’existe dans sa langue ?

Ce que dira ce gnostique déterminera la manière dont son peuple le percevra.
Quoi qu’il dise, il y aura ceux qui le croiront et le soutiendront, et d’autres qui le nieront et le combattront.

À ce moment-là, le gnostique se retrouve face à un grand dilemme :
le meilleur choix pourrait être le silence absolu, ou bien de ne parler qu’à ceux dont il sait qu’ils le croiront.
Autrement dit, son message ne serait destiné qu’à un cercle restreint, exprimé dans un langage symbolique que seuls ceux qui méritent de comprendre peuvent saisir.

Mets-toi maintenant à la place de ce gnostique… pour ressentir ce qu’il vit :

Imagine que tu as vraiment vu un être vivant que personne ne connaît, et que toi seul as aperçu.
Comment le décrirais-tu ?
Que dirais-tu aux autres ? Comment l’expliquerais-tu ?
Quelle serait la réaction des autres à ton égard ?
Comment affronterais-tu cette situation gênante — qui pourrait faire de toi, à leurs yeux : un fou, un sage, un philosophe, un découvreur, un génie… ou même un prophète ?

Et… qui croira vraiment ce que tu diras ?

Le gnostique face à un carrefour : parler ou se taire ?

Il n’est pas facile pour un gnostique d’exprimer ce qu’il a vu et vécu — surtout s’il n’a aucune preuve matérielle à présenter, ni les mots nécessaires pour décrire son expérience.

C’est là que le gnostique se retrouve à la croisée des chemins, et l’attitude qu’il adoptera n’est décidée par personne d’autre que lui-même.
C’est un choix purement personnel, influencé par plusieurs facteurs :

Facteurs internes :

En premier lieu, la nature du gnostique lui-même :

  • Est-il aventureux ?

  • Possède-t-il le courage de faire face ?

  • A-t-il l’esprit d’initiative ?

  • À quel point croit-il en ce qu’il a vu ?

Tous ces facteurs intérieurs jouent un rôle majeur dans la manière dont il choisira de révéler ce qu’il a vécu.
Mais cela ne suffit pas.

Le gnostique n’est généralement pas un être égocentrique qui ne pense qu’à lui-même.
Au contraire, il est souvent un sage qui regarde autour de lui et tient compte de l’impact que ses paroles peuvent provoquer.

C’est pourquoi il doit aussi considérer un ensemble de facteurs externes au moment de prendre sa décision, tels que :

  • Le niveau de conscience des autres

  • L’époque dans laquelle il vit

  • La nature de sa société

  • Les réactions possibles face à ce qu’il pourrait dire

  • Les conséquences proches ou lointaines — qu’elles soient négatives ou positives

Tous ces éléments, internes et externes, ainsi que le degré de réceptivité des autres à ce qu’il pourrait leur dire, doivent être pesés avec soin.

Au final, le gnostique devra décider, avec sagesse :

  • Doit-il parler ?

  • Que doit-il dire ?

  • À qui ?

  • Et à quel moment ?

Tous les gnostiques qui ont réellement vécu l’expérience gnostique ont en commun une préférence : le silence vis-à-vis du grand public.
Ils ne transmettent leur savoir qu’à leurs disciples — chacun selon sa capacité et sa disposition à recevoir.

Ainsi, le gnostique s’adresse à chaque élève de manière particulière, avec un style propre de transmission du savoir.
Le plus souvent, cela passe par les symboles et les signes, et non par des affirmations directes.

C’est là la méthode des gnostiques, surtout ceux de haut rang spirituel.
Et bien souvent, ils restent inconnus durant toute leur vie, sauf pour un tout petit nombre.

Et même lorsqu’ils sont reconnus, ce n’est jamais en tant que “gnostiques” :
ils sont vus sous d’autres étiquettes… leur notoriété — lorsqu’elle existe — étant couverte par d’autres apparences que la gnose elle-même,
et connue uniquement des très rares initiés.

Les degrés des gnostiques : entre apprentissage et expérience

Avant de répondre à la question :
« Comment agit le gnostique ? »,
il est nécessaire de poser deux autres questions importantes :

  1. Quels sont les degrés du gnostique ?

  2. Quelles sont les sources de son savoir ?

Commençons par la première :

Beaucoup croient à tort que le gnostique est uniquement celui qui apprend auprès d’un maître.
Ils confondent le gnostique instruit ou enseigné avec celui qui a vécu une expérience réelle.
Ils ne font pas non plus la différence entre celui qui a traversé une expérience gnostique limitée, et celui qui détient un haut rang spirituel,
appelé dans le soufisme le pôle (al-Qutb), dans l’islam l’imâm, dans le christianisme le pape, et dans le judaïsme le rabbin.

Cette distinction est essentielle, car les sources du savoir sont directement liées au degré du gnostique.

1. Le gnostique autodidacte ou personnel :

Dans la tradition gnostique, on peut appeler « gnostique » tout individu qui cherche la connaissance, peu importe la méthode, l’effort fourni ou la profondeur de l’expérience.

En d’autres termes :
il suffit d’avoir un désir sincère de savoir, de se poser des questions intérieurement, même si cette quête est à ses débuts, ou même si ce n’est qu’une curiosité intellectuelle qui ne perturbe pas sa vie quotidienne…
on peut alors déjà parler d’un gnostique.

Par exemple, il suffit de méditer seul, sans lire quoi que ce soit, ni apprendre auprès de personne…
cela montre qu’une étincelle de connaissance existe en toi.
Et cette étincelle — même minuscule — te place sur le chemin de la gnose, et te confère le titre de gnostique autodidacte.

2. Le gnostique instruit (ou enseigné) :

Sa source de savoir vient de l’apprentissage — que ce soit à travers les livres ou les maîtres qui l’ont précédé.
Il transmet ce qu’il a compris par lui-même, ou ce qu’il a entendu des autres.

3. Le gnostique à l’expérience limitée :

Il tire son savoir d’une expérience spirituelle ou intérieure qu’il a traversée, mais qui peut être partielle ou temporaire, et nécessite encore de l’interprétation et de la réflexion.

4. Le gnostique du plus haut degré :

C’est celui qui a atteint un niveau de connexion profonde et directe avec la vérité.
Sa source de connaissance est l’expérience totale, qui englobe à la fois l’intérieur et l’extérieur, le visible et l’invisible,
et qui dépasse les limites de la raison et de l’enseignement.

Ce genre de gnostique est rare, et difficile à identifier, car il cache souvent son véritable rang, et ne le révèle qu’à ses intimes, ou ne le révèle jamais.

Ensuite, les degrés du gnostique commencent à varier et à se différencier, selon :

  • la quantité de savoir accumulée,

  • la nature des connaissances intégrées,

  • et la profondeur des expériences vécues.

Avec le temps, le rang du gnostique s’élève,
et l’étendue de sa perception s’élargit,
chacun selon ses efforts et son niveau de préparation.

Les sources du savoir gnostique : de l’éveil à la mémoire cosmique

Passons maintenant à la deuxième question :
Quelles sont les sources du savoir du gnostique ?

Première source : l’observation, l’éveil attentif et la conscience

C’est une source interne et personnelle.
Elle est accessible à tous, et ne nécessite ni maître, ni support extérieur.
Il suffit qu’une personne soit attentive dans sa pensée, qu’elle observe ce qui l’entoure, et qu’elle soit consciente de chacun de ses gestes.
Elle n’agit pas de manière automatique, mais compare, réfléchit, et reste dans un état de veille constant vis-à-vis de tout ce qui traverse son esprit.

Cet état de vigilance peut survenir à certains moments de la journée :
par exemple, au réveil, avant de dormir, ou pendant des périodes de repos ou de méditation choisies.
À travers cet état, le gnostique devient capable d’apprendre beaucoup de choses, d’éviter les erreurs, et d’acquérir une sagesse qui l’aide à affronter les problèmes de la vie.

Ce type de gnose est personnelle et individuelle.
Elle peut suffire à beaucoup, car elle permet à chacun de se remettre en question, d’améliorer ses idées, de corriger ses défauts, et d’apprendre des expériences des autres.

Ainsi, le gnostique devient lucide sur de nombreuses choses, même si elles sont simples ou relèvent de la vie quotidienne.
Cela reste une forme de gnose, à part entière.

Aujourd’hui, ce type de gnose, dans toutes ses nuances, est à la portée de la majorité des gens, quelles que soient leurs origines.
Mais les religions et idéologies dogmatiques les empêchent de se libérer pleinement.
Elles les enferment dans un cadre religieux et doctrinaire, au sein d’une culture de la soumission et de l’ignorance.

Et lorsque ces gens entendent des paroles qui tendent à les libérer, ils ont peur, insultent, fuient, et considèrent même que la connaissance est une œuvre du diable
alors qu’en réalité, ils vivent dans l’illusion.

Deuxième source : l’enseignement, ou la « transmission »

Il s’agit du savoir hérité à travers les âges, transmis par les premiers gnostiques.

Dans ce contexte, les gnostiques reçoivent leur savoir par voie orale, que ce soit de la part de leurs cheikhs, maîtres, ou à travers des livres souvent appelés « la sagesse des anciens » ou « la connaissance des anciens ».

Ce savoir est considéré comme hautement secret, et souvent transmis sous forme de symboles ou de codes.
Il n’est jamais expliqué littéralement à l’élève, sauf par un maître ayant lui-même vécu l’expérience gnostique, et ayant reçu ce savoir de ses propres maîtres.

La majorité de ce savoir est orale, ou bien écrite de manière codée, compréhensible seulement par les gnostiques.
Il est perçu comme transmis depuis l’apparition des humains sur Terre.
Chaque gnostique y ajoute sa propre touche, selon ses expériences et son niveau de conscience, ce qui en fait un savoir vivant, en perpétuelle évolution et régénération.

Parfois, le livre lui-même devient le maître, sans qu’il y ait besoin d’un instructeur humain.
Certaines personnes passent toute leur vie à s’appuyer sur le savoir transmis, que ce soit par les livres ou les maîtres, et atteignent ainsi un niveau appréciable de gnose, sans jamais passer par une expérience mystique directe.

Ce sont les détenteurs de ce qu’on appelle la gnose moyenne ou le degré modéré de gnose.

De ce rang intermédiaire émergent de nombreux écrivains, inventeurs, penseurs, philosophes, ainsi que des personnes accomplies dans leur vie.

On peut même considérer que les philosophes, les prophètes, les messagers, voire les rois et les chefs sont en réalité des gnostiques qui ont acquis la gnose transmise, que ce soit par un maître ou par les livres.

Et lorsqu’ils atteignent ce niveau de connaissance, on peut affirmer qu’ils sont passés auparavant par le premier degré, qui ne suffisait plus à étancher leur soif de savoir.

Troisième source : l’élévation ou l’ascension vers la mémoire existentielle

Le gnostique parvient à un niveau avancé de compréhension par la méditation et la retraite spirituelle, qui mènent à ce que l’on appelle la projection astrale.
Celle-ci permet d’accéder à ce qu’on nomme le registre cosmique ou la mémoire universelle, selon certaines philosophies et écoles de psychologie.

Cette idée est très proche de ce que proposent les religions abrahamiques, à travers le concept du « Livre préservé »ou du « Registre protégé »,
mentionné dans plusieurs versets du Coran, notamment celui qui ouvre la sourate Al-Baqara :
« Ceci est le Livre au sujet duquel il n’y a aucun doute. »

On retrouve également cette idée dans les religions et croyances d’Extrême-Orient, sous le nom de « registres akashiques », en lien avec la mémoire cosmique.

Presque toutes les religions et traditions humaines contiennent une version de ce concept :
on le retrouve dans les traditions africaines anciennes, australiennes, chez les Amérindiens, et même chez les chamanes.

On constate aussi que cette notion réapparaît dans la science expérimentale moderne, où certains chercheurs la relient à :

  • la mécanique quantique,

  • la physique,

  • l’esprit collectif,

  • ou encore la théorie du tout,

  • et l’inconscient.

Le registre cosmique : entre gnose, religion et science

La différence entre la philosophie, la psychologie, les religions, la science expérimentale et la gnose réside dans leurs approches respectives.
Mais tous ces domaines convergent autour d’une croyance commune : celle que le registre cosmique, tel qu’il est nommé dans différentes traditions spirituelles et intellectuelles, contient tout ce qui a trait au passé.

Il enregistre tous les événements, des plus simples aux plus monumentaux.

Cette source de connaissance ne se limite pas au passé :
elle comprend aussi le présent, qui, au fil du temps, glisse vers le passé,
et le futur proche, qui devient rapidement présent, avant de se transformer en mémoire.

Mais les interprétations varient.

Les religions abrahamiques affirment que le registre cosmique ne contient pas seulement ce qui a été et ce qui est,
mais également ce qui sera — y compris dans le futur lointain.
Elles vont jusqu’à prétendre qu’il contient tout ce qui fut, est, et arrivera,
sans distinction de distance temporelle.

À l’inverse, la philosophie, la science expérimentale et la gnose considèrent que ce registre contient :

  • ce qui a été,

  • ce qui est,

  • et ce qui pourrait être dans le futur,
    c’est-à-dire toutes les possibilités, sans affirmer que quoi que ce soit se produira forcément.

Il est important de noter que toutes ces visions ont une source commune :
ce que l’on appelle la gnose brutela même idée fondamentale,
mais interprétée et nommée différemment selon les méthodes propres à chaque discipline, et selon le but qu’elles cherchent à atteindre.

Comment les écoles de pensée perçoivent-elles le registre cosmique ? Et quels noms lui donnent-elles ?

📌 Islam et religions abrahamiques

Dans ces traditions, le “Livre préservé” (al-Lawh al-Mahfouz) est un registre divin éternel, dans lequel tout est écrit :
depuis la création de l’univers jusqu’aux moindres détails de l’existence des créatures et de leurs destins.

Seul Dieu y a accès.
Ce registre comprend le passé, le présent et le futur.
Cependant, Dieu peut permettre à certains prophètes ou saints d’en connaître une partie, notamment en ce qui concerne l’avenir,
comme l’atteste ce verset du Coran :

« Il connaît le monde invisible, et Il ne dévoile Son invisibilité à personne, sauf à celui qu’Il agrée comme messager. »
(Sourate Al-Jinn, versets 26–27)

Ainsi, selon ces religions, tout est prédestiné par Dieu depuis l’origine, comme l’indique aussi ce verset :

« Dis : Rien ne nous atteindra, si ce n’est ce qu’Allah a prescrit pour nous. Il est notre Protecteur. C’est en Allah que les croyants doivent placer leur confiance. »
(Sourate At-Tawbah, verset 51)

C’est un sujet très complexe dans les religions abrahamiques,
car si tout est prédéterminé, alors l’être humain n’est plus libre dans ses actions, ce qui entre en contradiction avec certains fondements liés au libre arbitre et à la responsabilité morale.

Mais ce n’est pas notre sujet ici.

📌 Religions spirituelles (hindouisme, bouddhisme, ésotérisme moderne)

Les registres akashiques sont un concept issu de l’hindouisme, des textes védiques, et de certaines spiritualités modernes influencées par le bouddhisme.
Le mot “Akasha” signifie “éther” ou “essence subtile” en sanskrit.

Ces registres sont considérés comme une bibliothèque non matérielle, qui contient toutes les expériences, pensées et émotions vécues par n’importe quel être dans l’univers.

Les croyants estiment que certaines personnes peuvent accéder à ces registres à travers la méditation ou l’illumination spirituelle,
afin de découvrir des informations sur eux-mêmes, sur d’autres personnes, voire sur leurs vies antérieures.

On dit que ces registres renferment le passé, le présent, ainsi que des futurs possibles
non pas un futur fixe, mais des probabilités, en fonction de l’énergie actuelle de l’individu.

📌 En philosophie

Dans certaines écoles philosophiques, on utilise le concept de “l’Esprit universel” (Universal Mind)
pour exprimer l’idée que tout l’univers est composé de pensées matérialisées.

Il est donc admis que l’univers lui-même possède un esprit,
capable de retenir tout ce qui s’est passé, tout ce qui se passe,
et aussi toutes les possibilités qui pourraient advenir dans l’avenir.

C’est une conscience totale, une forme d’intelligence englobante
dans laquelle le passé, le présent et les potentiels futurs coexistent en réseau.

📌 En psychologie

L’inconscient est considéré comme un espace où l’on peut accéder à une sorte de “mémoire” contenant les expériences passées.
On peut y accéder à travers des états méditatifs profonds,
une conscience élevée, des rêves, des rêveries,
ou même à travers l’hypnose.

L’inconscient est censé contenir non seulement nos propres souvenirs,
mais aussi les expériences d’autrui — ceux que nous avons rencontrés, observés, ou même simplement perçus brièvement.

Certains psychologues estiment qu’il existe un inconscient collectif,
où se croisent des mémoires individuelles et universelles.

📌 En science expérimentale (physique et biologie)

La science matérielle parle parfois de “mémoire de la matière”
pour désigner le fait que chaque événement laisse une trace dans la matière elle-même.

Il est supposé que la matière conserve une mémoire de tout ce qui s’y produit.
Certains scientifiques relient cette idée à des domaines tels que :

  • la mécanique quantique,

  • l’énergie ou

  • les champs d’information.

Selon cette perspective, il serait possible d’accéder à cette mémoire par le biais d’outils scientifiques, d’instruments de mesure, ou d’analyses matérielles.
Cela permettrait de comprendre de nombreux événements du passé, voire d’en reconstituer le déroulement.

On pense même que chaque action, son ou mouvement physique laisse une empreinte enregistrée dans la matière,
que ce soit dans les gènes, ou sous forme d’images ou de sons.

Dans l’avenir, il est même envisagé que l’on pourra “voir” des événements du passé,
comme si on regardait un film enregistré, grâce aux progrès technologiques et scientifiques.

La notion d’éther : le lien entre l’être et le néant

Le concept d’éther, en tant qu’idée, a évolué au fil des âges, entre philosophie, science, et gnose.

Dans la science ancienne :

L’éther était considéré comme un milieu matériel servant à transporter la lumière et les ondes électromagnétiques.

Mais la théorie de la relativité d’Einstein a abandonné cette idée, en démontrant que la lumière n’a pas besoin de support pour se propager.
Elle a été remplacée par la notion de “spacetime” (l’espace-temps) :
un tissu qui relie l’espace et le temps, et qui peut se courber sous l’effet de la gravité.

Dans la pensée gnostique et mystique :

L’éther n’est pas perçu comme un simple support physique,
mais comme la base même de l’existence présente,
et comme le pont entre l’être et le non-être.

Il relie deux mondes :

  • le monde de l’existence,

  • et celui du néant.

On pense qu’il contient des informations sur le passé et l’avenir,
connues sous le nom de “registres akashiques”,
accessibles par la méditation et les états de conscience supérieurs.

Dans cette vision, l’éther n’est ni l’être ni le néant
il est le moyen par lequel l’humain peut se connecter à tout ce qui a été, à ce qui est, et à ce qui peut être.

Et même si la science moderne a rejeté l’éther classique,
la gnose continue de le considérer comme une source précieuse de connaissance,
et comme une clé pour percer les mystères de l’existence.

Le langage du symbole et de l’expérience dans la gnose brute

Maintenant que nous avons compris les trois types de gnostiques :

  • le gnostique autodidacte,

  • le gnostique instruit,

  • et le gnostique expérimental,

Et que nous avons exploré leurs sources de savoir :

  • l’éveil personnel et intérieur,

  • le savoir transmis ou enseigné,

  • l’élévation vers la mémoire existentielle,

Revenons à l’histoire utilisée comme exemple, qui représente l’expérience du gnostique expérimental.

Ce type de gnostique est celui qui s’est élevé par lui-même,
qui a vu ce que d’autres n’ont pas vu,
et qui a vécu les niveaux supérieurs de conscience directement.

Ces personnes ne parlent jamais dans le vide.
Ils transmettent ce qu’ils ont réellement vécu, à des élèves en qui ils ont confiance,
et ils utilisent souvent des symboles et des allusions dans leurs poèmes ou proverbes populaires,
sans forcément s’attribuer directement leurs propos.

C’est pourquoi on les entend souvent dire :
« On m’a dit… », « Ils ont dit… », « J’ai entendu… »

Ce n’est ni par ignorance, ni par imitation,
mais par humilité, car ils considèrent que l’expérience est trop vaste pour être contenue dans un seul individu.

Même s’ils ont entendu ou appris certaines choses,
ils ne les acceptent jamais aveuglément :
ils ne transmettent que ce qu’ils ont personnellement vérifié et expérimenté.

Ainsi, lorsqu’ils parlent, ils le font avec certitude, et non par répétition.

Dans leur tentative de partager leur expérience,
le gnostique expérimental a souvent recours à un langage symbolique et métaphorique,
inspiré de son environnement et de ses représentations mentales,
afin de rendre l’image compréhensible à ceux qui n’ont pas vécu ce qu’il a vu.

Par exemple :

  • Lorsqu’il voit la mer, il dira :
    « Il y a de l’eau semblable au désert »,
    utilisant une image familière à un homme du désert.

  • Lorsqu’il voit les rivières, il dira :
    « Il existe une source d’eau qui rampe comme un serpent »,
    représentant le mouvement fluide de l’eau avec une forme familière issue de la nature sauvage.

  • Il décrira les forêts comme :
    « De grandes oasis qui recouvrent le désert et bloquent la lumière du soleil »,

  • Et les montagnes ou collines comme :
    « Des piliers ou des pierres faites de grains de sable qui bouchent la vue et masquent une partie du ciel »,

— tout cela dans le but de rendre le lointain proche, le mystérieux compréhensible.

Les gnostiques, par leurs expériences profondes et leur élévation dans la conscience,
comprennent que ce qu’ils perçoivent dans ces mondes supérieurs est radicalement étranger à ce qu’ils connaissent ou vivent dans leur quotidien.

C’est pourquoi, avec le temps et la répétition de l’expérience,
ils apprennent à exprimer leurs visions et leurs pensées à travers des symboles souples et des signes,
capables d’ouvrir les portes de la compréhension,
sans être enfermés dans des détails qui pourraient contredire ultérieurement de nouvelles découvertes ou une compréhension plus profonde.

Cette capacité à décrire symboliquement est au cœur de ce qu’on appelle la gnose brute
une gnose authentique, sincère, qui transmet un sens profond
sans être limitée par les formules conventionnelles ou les expressions superficielles.

C’est pourquoi le maître gnostique enseigne à son disciple proche que :

« Le proverbe est fait pour être frappé, non pour être mesuré. »

Autrement dit :
le symbole est ouvert à l’interprétation,
tandis que l’élève éloigné reste prisonnier du littéral,
attaché à l’extérieur, ignorant la moelle de la connaissance.

L’impact du gnostique de haut rang sur ses disciples et la transmission vivante du savoir

Ce que dit le gnostique de haut rang,
et ce qu’il enseigne à partir de ses visions existentielles et de son vécu,
provoque souvent un impact profond dans le cœur de ses élèves ou de ceux qui croisent ses paroles.

Les significations qu’il transmet — même cryptées ou symboliques
réveillent chez eux un sentiment d’authenticité,
et un élan vers la recherche.

Chacun d’eux emprunte alors sa propre voie,
tentant de déchiffrer ces signes,
de les simplifier,
ou de les reformuler pour qu’ils soient accessibles à un public plus large.

Ainsi, le gnostique devient un puissant catalyseur de l’évolution du savoir
et de sa transmission —
non pas comme une information figée,
mais comme une force vivante qui :

  • inspire,

  • éveille,

  • et pousse les autres à cheminer eux-mêmes vers la découverte.

Lorsque le gnostique brut prononce une phrase comme :

« Au-delà de notre monde, ou loin de nous, ou derrière nous, se trouve un désert d’eau »,

il ne s’agit ni d’une simple image poétique,
ni d’un langage mystérieux.

Il exprime une expérience réelle,
vécue lors de son ascension existentielle.
Il décrit les océans qu’il a vus, mais dans une langue adaptée au monde familier des siens :

  • Le mot « désert » symbolise l’immensité,

  • Le mot « eau » désigne une réalité nouvelle, étrangère à son environnement d’origine.

Du symbole à la réalité : comment l’idée gnostique se propage

Mais comment une telle phrase atteint-elle le grand public ?
C’est ici que commence le voyage de l’idée,
ses multiples chemins pour survivre, se transmettre, et devenir savoir collectif.

Voici quelques formes que peut prendre cette diffusion :

  • Le savant ou l’intellectuel, qui comprend le symbolisme du gnostique,
    reformule la phrase dans une version scientifique ou intellectuelle plus accessible,
    et dit par exemple :

    « Il se peut qu’il y ait de vastes étendues d’eau au-delà de l’horizon. »
    De cette manière, l’essence de l’idée est préservée,
    et transmise dans un langage plus proche du collectif.

  • Le poète ou le conteur :
    il reprend l’expression telle quelle, ou l’intègre dans un récit symbolique ou une épopée orale,
    qui deviendra ensuite mémoire populaire,
    transmise de génération en génération.

  • Le spirituel ou le méditant :
    il prend la phrase au pied de la lettre,
    et en fait une porte d’entrée vers la contemplation intérieure,
    cherchant à découvrir par lui-même ce que le gnostique a voulu dire.

  • Les gens du commun, eux, peuvent ne pas saisir le sens exact,
    mais la phrase reste gravée dans leur esprit comme un proverbe étrange,
    une sagesse énigmatique,
    conservée jusqu’à ce qu’un temps ou une personne vienne l’éclairer
    ou que la réalité elle-même la confirme.

Les porteurs secondaires du message gnostique

  • Les prophètes, les messagers, et les imposteurs :
    ils s’approprient l’idée gnostique et bâtissent autour d’elle un récit religieux ou mythologique.
    Ils s’en servent pour convaincre les gens de les suivre, en la liant à des notions comme :

    le salut après la mort,
    le paradis,
    et conditionnent l’accès à cela par la foi et l’obéissance.

  • Les penseurs :
    ils abordent l’idée par la raison, se posent des questions comme :

    « Peut-on réellement transformer un désert en mer ? »
    Et proposent alors des théories scientifiques ou des modèles hypothétiques pour l’expliquer ou la mettre en œuvre.

  • Les philosophes :
    ils plongent dans le symbole lui-même et posent des questions existentielles :

    « Un désert d’eau est-il une réalité ou une métaphore ? »
    Est-ce un espoir futur ou l’expression d’un état de l’être ? »
    Ils cherchent à atteindre la signification profonde du concept.

  • Les écrivains et romanciers :
    ils tissent autour de l’idée des mondes imaginaires et des récits symboliques,
    créent des personnages, des noms, des royaumes,
    et transforment l’idée en matière narrative mêlant réel et imaginaire.

  • Les artistes :
    ils traduisent l’idée par les couleurs, les formes, la sculpture ou la musique,
    et la transforment en émotion visuelle ou sonore,
    pour la rendre tangible par l’art.

  • Les chercheurs et explorateurs :
    pour eux, l’idée est un moteur réel d’exploration.
    Ils partent à la découverte des mers et des océans,
    convaincus que le gnostique ne délirait pas,
    mais désignait quelque chose de réel.

Et même si la réalité ne correspond pas parfaitement à la description,
le cœur de l’idée finit par se réaliser et s’affirmer.

Ainsi, la parole du gnostique continue de vivre,
elle circule entre les esprits et les cœurs,
changeant de forme et d’interprétation,
jusqu’à ce que la vérité se dévoile.

Alors, les gens comprennent que ce qui avait été dit autrefois,
sous la forme d’un symbole tel que « désert d’eau »,
était en fait une description ancienne et intuitive d’une réalité tangible d’aujourd’hui : la mer.

La religion comme interprétation de la gnose : de l’expérience vécue au texte sacré

Pourquoi avoir évoqué toutes ces notions sur la gnose et les gnostiques ?

La réponse est simple :
pour comprendre d’abord que les interprétations gnostiques n’ont, en soi, aucune valeur absolue
et que c’est précisément ce que font toutes les religions.

Les religions et les doctrines sectaires ne sont, en réalité, que des interprétations d’idées gnostiques brutes,
formulées pour un peuple déterminé, dans un lieu et un temps donnés.

La religion est donc une interprétation temporaire,
faite pour être assimilée par le grand public.
Mais avec le temps, elle devient un mensonge,
surtout lorsqu’elle est démentie par la science expérimentale.

Et pourtant, comme ces religions se présentent comme issues de la “révélation divine”
ce qui constitue le plus grand mensonge de tous
elles finissent par être traitées comme des sources d’autorité absolue.

La révélation est l’outil premier des messagers
pour convaincre le peuple que ce qu’ils disent est vrai,
car prétendument transmis par un dieu ou un seigneur descendu du ciel.

Mais en réalité, il ne s’agit que d’une interprétation temporaire,
limitée dans le temps,
des vérités atteintes par des gnostiques à travers leurs expériences mystiques.

Autrement dit, le “dieu” dont parlent les religions,
n’est autre que ce gnostique de haut rang,
celui qui a vécu et est mort dans l’anonymat.

Cette interprétation est ensuite considérée comme sacrée,
autrement dit, comme vérité absolue,
censée émaner d’une puissance supérieure à l’homme,
et omnisciente.

Naturellement, cette sacralisation des textes religieux
les transforme en vérités intouchables,
qu’il est presque impossible de remettre en cause,
même face à des preuves scientifiques empiriques.

Dans bien des cas, les textes religieux sont réinterprétés
pour qu’ils s’accordent avec les découvertes scientifiques,
ce qui est ensuite présenté comme un miracle divin.

Alors que la vérité, c’est que
ce n’est pas le texte religieux, mais l’idée gnostique brute,
qui est le véritable miracle humain.

La gnose et le monde contemporain : vers une libération intellectuelle du carcan religieux

La gnose considère que l’essentiel,
c’est d’avoir une théorie qui nous aide à comprendre ce qui s’est passé,
même si cette théorie est incomplète.

Ce qui importe, c’est le progrès,
le mouvement vers quelque chose de meilleur,
pas la perfection d’un récit figé.

Quant aux récits religieux,
ils ne sont souvent plus adaptés à notre époque ni à notre avenir.
Ils ont peut-être été pertinents par le passé,
ou pour des personnes incapables de se libérer psychologiquement et intellectuellement,
mais ils ne peuvent plus être considérés comme valables
pour une société civilisée, éclairée, et tournée vers l’humain.

Selon la gnose,
les religions sont destinées à des individus qui sont restés dans des phases peu développées,
intellectuellement et psychologiquement.

Des individus qui n’ont ni le courage ni la connaissance pour s’affranchir de leurs chaînes.

Ces gens-là sont comparables à un troupeau.
On ne peut pas attendre plus d’eux qu’ils ne sont capables de donner,
et il faut les traiter avec réalisme,
sans mépris, mais sans illusions.

Quant aux chefs religieux,
ils vivent aux dépens de leurs adeptes.
Leur existence dépend entièrement de ces suiveurs,
qui ne savent plus vivre sans religion.

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