UGTT : le géant syndical tunisien au bord de l’implosion

L’Union générale tunisienne du travail (UGTT), principal syndicat en Tunisie, traverse une période de turbulence interne sans précédent. À sa tête depuis 2017, Noureddine Taboubi fait face à une guerre de leadership, alors même que l’organisation connaît un net recul de son influence politique depuis le coup de force du président Kaïs Saïed en juillet 2021.

Division au sommet

Depuis plus de six mois, dix membres du bureau exécutif (BE) sont en désaccord. Cinq d’entre eux ont décidé de boycotter les réunions de l’instance, tandis que les cinq autres appartiennent à un collectif composé d’anciens responsables syndicaux. Cette division est l’aboutissement de tensions qui remontent à 2020, lorsque le BE a proposé de supprimer la limite des deux mandats pour ses membres. Malgré les protestations, l’amendement a été adopté lors d’un congrès extraordinaire en juillet 2021.

En septembre 2024, le BE suspend les travaux du conseil national, juste avant que celui-ci ne vote pour la tenue d’un nouveau congrès visant à élire un nouveau bureau exécutif. En réaction, cinq secrétaires généraux adjoints — Monem Amira, Slaheddine Salmi, Othmen Jallouli, Tahar Barbari et Anouar Ben Kaddour — prennent leurs distances en novembre 2024.

Vers une réforme en profondeur ?

Anouar Ben Kaddour, considéré comme le porte-parole des « Cinq », laisse néanmoins la porte ouverte au dialogue avec Taboubi. Ce dernier propose d’avancer la date du prochain congrès, initialement prévu en 2027, à début 2026. Les frondeurs souhaitent qu’il ait lieu au premier semestre de 2025.

Ils ambitionnent une réforme complète de l’UGTT pour restaurer son indépendance syndicale, et mettre fin aux privilèges accordés aux dirigeants : voitures de fonction, bons d’essence, primes mensuelles… des avantages qui suscitent de plus en plus de critiques.

Une opposition parallèle

En parallèle, un autre mouvement, la Rencontre syndicale, regroupant d’anciens dirigeants, appelle à un « coup de balai » complet. Ils exigent la démission immédiate du bureau exécutif, accusé de « corruption syndicale » et de gestion autoritaire.

Autrefois omniprésente dans les cercles du pouvoir, l’UGTT semble aujourd’hui en retrait. Même Taboubi, qui avait soutenu Kaïs Saïed en 2021, n’est plus convié au palais présidentiel.

Vous pouvez également lire :La liquidation de Namaa Tounes

Pin It on Pinterest