Contents
La liquidation de Namaa Tounes, le bras économique du mouvement Ennahda en Tunisie.
L’organisation islamiste Ennahdha vient de perdre un levier économique stratégique avec la liquidation officielle de l’association Namaa Tunisie, une structure créée en 2011 pour ancrer son influence économique à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
La dissolution d’un pilier économique
En mars 2025, la justice tunisienne a commencé à exécuter une décision judiciaire datant d’avril 2024 ordonnant la dissolution de Namaa Tunisie. Officiellement, cette association avait pour mission de soutenir l’économie nationale à travers des partenariats étrangers, l’accompagnement des jeunes diplômés chômeurs et la promotion des investissements dans les régions marginalisées.
Cependant, dans les faits, Namaa servait principalement de passerelle entre les milieux d’affaires tunisiens et les alliés internationaux du parti Ennahdha. Parmi ces partenaires figurent l’Association des hommes d’affaires qataris dirigée par le milliardaire Faisal bin Qassim Al Thani, l’agence turque TIKA, le Conseil des hommes d’affaires libyens de Tripoli, ainsi que l’association MÜSİAD d’Azerbaïdjan.
Une ambition régionale contrariée
Ennahdha espérait transformer Tunis en plateforme régionale de rencontres économiques. En 2015, Namaa devait organiser deux grands événements internationaux liés à l’Azerbaïdjan, mais les élections de 2014, remportées par Nidaa Tounes et Béji Caïd Essebsi, ont mis fin à ces ambitions.
Le défunt Amor Belkhiria, cofondateur de Namaa et pilier d’Ennahdha en Afrique, avait également lancé une ouverture vers l’Afrique subsaharienne avec l’organisation d’un Forum économique africain à Tunis en 2018.
En février 2021, l’association avait annoncé une expansion sur tout le territoire avec la création d’antennes régionales et d’un comité d’experts. Mais le coup de force du président Kaïs Saïed en juillet 2021 a précipité la mise à l’écart du parti et, en 2022, Namaa s’est retrouvée accusée de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.
Fin d’un réseau, début des ennuis
Avec la disparition de Namaa, Ennahdha perd un réseau stratégique qui lui permettait d’influencer l’économie, tisser des alliances, et maintenir une assise au-delà de la sphère politique. Ce coup porté à l’organisation coïncide avec l’incarcération de la majorité de ses dirigeants et l’effritement de son rôle sur la scène tunisienne.
Vous pouvez également lire : Hatem Saïed… le nom qu’on ne prononce pas : pourquoi Kaïs cache-t-il son frère ?