La liberté d’expression en Tunisie

Bien que dirigé de la Tunisie, le portail d’islam la n’est pas censuré. Pourquoi donc ? De même, beaucoup d’autres sites, également basés à Tunis ou en Tunisie, ne connaissent pas la censure. Là aussi, on peut se demander pourquoi. Tout comme on peut s’interroger sur les raisons qui poussent à la censure de la plupart des sites pornographiques ou dits « de charme. »

La liberté d'expression en Tunisie

La liberté d’expression en Tunisie

L’intégralité des sites d’opposition politique, majoritairement islamistes ou pro-islamistes, sont également censurés.

Même si je ne comprends pas la censure des sites X, il va de soi que je comprends parfaitement celles des sites opposants à tendance islamiste. Tant que ces derniers pratiquent la censure envers toute personne ne partageant pas leurs idées, ils doivent être censurés, et ce non seulement en Tunisie mais partout dans le monde, notamment en Europe où on leur offre pourtant la liberté de propager leur haine et leurs mensonges.

Évidemment, il existe bel et bien des sites censurés pour des raisons que l’on ignore. D’ailleurs la liberté d’expression existe-t-elle vraiment en Tunisie ?

Sur islam la et son forum, vous pouvez parler de ce que vous voulez, même de politique, en toute liberté à condition toutefois d’éviter toute diffamation à l’encontre des personnes physiques ou morales et surtout les insultes gratuites et non étayées par des preuves. Bref, vous avez le droit de critiquer les idées, les croyances et la politique.

N’empêche, je me pose la question : pour quelles raisons ne suis-je pas censuré ? Car enfin pas plus que je ne suis un partisan de Ben Ali, je ne suis payé de quelque façon par son gouvernement – je tiens trop à mon indépendance …

A Tunis, aussi étonnant que cela soit, je suis plus libre qu’en France. Ici je jouis en effet de toutes les possibilités de critiquer l’islam sans me voir immédiatement accusé d’ « islamophobie » ou de racisme.

Ici je peux aussi critiquer comme je l’entends le gouvernement Bush sans être taxé de sympathies terroristes tout comme il m’est permis de critiquer le gouvernement d’Israël sans être aussitôt traité d’antisémite. Mieux : je peux critiquer la politique de Ben Ali sans être accusé de faire partie de l’opposition …. Je l’ai d’ailleurs déjà fait, sans être censuré …

Cette liberté hélas ! Je ne l’ai ni en France ni en Europe. Rien que pour obtenir mon visa, l’administration décourage chaque fois mes efforts par les paperasseries multiples qu’elle réclame. A chaque fois, je constate une foule d’interventions destinées à vérifier l’objet de ma visite en France. Et tout cela pourquoi ? Pour me rendre dans un pays où je ne peux parler librement sans me voir imputer des intentions racistes ou terroristes pour chaque mot que je dirai ….

Au nom de lois ambiguës sur la liberté d’expression, je suis empêché de parler comme je l’entends. Or, qui dit ambiguïté dit interprétation des faits, voire déformation. Dès que tu touches aux points sensibles, chacun retournera tes dires à son profit pour t’accuser et te juger Des amalgames étranges et stupides apparaissent.

Par exemple, dès qu’on touche au judaïsme ou au gouvernement de Sharon, on devient un antisémite. Alors que l’on peut critiquer en paix la politique ou le gouvernement français et/ou européens – sauf en cas de diffamation bien sûr. Dans cet exemple, la ligne rouge n’est d’ailleurs pas la même pour tout le monde. Ce que tu ne peux dire en Europe, tu peux le dire ici, en Tunisie, et très librement.

Mais concentrons nous sur la critique politique. C’est elle qui nous intéresse le plus, évidemment puisque, en règle générale, c’est elle qui souffre le plus de la censure. Pourquoi justement interdit-on cette critique ? Pour trois raisons :

1 -Notre mentalité et notre culture accordent une place importante au chef de la famille et, par analogie, au chef du pays. Ce chef dégage ce qu’on appelle en arabe « el hayba », le prestige du chef. Cette crainte respectueuse, ce prestige sont essentiels pour être respecté et donc pour exercer son pouvoir, ce qui n’est pas le cas en Europe. Les Européens ont dépassé ce stade. Chez nous, sans prestige il n’y a pas de respect et quand il n’y a pas de respect, il y a désordre.

Le jour où l’on commencera à critiquer nos pères et nos grands frères et nos profs et nos chefs d’entreprises sans se voir accusé de leur manquer de respect, à ce moment là on pourra prétendre à critiquer ceux qui nous gouvernent. Mais apprenons tout d’abord à critiquer les idées sans toucher aux personnes.

C’est un art dans lequel les Européens sont passés maîtres. Il faut dire que cette technique fait partie de leur culture même si cet acquis n’a pas été gagné du jour au lendemain. Long fut pour eux le combat qu’ils menèrent pour acquérir cette liberté de raisonnement même si, bien sûr, elle n’est pas parfaite.

2- En Tunisie, il suffit d’aller sur les sites dits d’opposition politique pour comprendre que les personnes qui s’y expriment n’ont rien compris à ce que signifie le terme « opposition » et encore moins à ce que veut dire le mot « liberté ».

En effet, ces gens-là appellent à une liberté qu’ils interdisent eux-mêmes au nom de la liberté ! Ils cherchent à imposer leurs idées avec force et, pour ce faire, n’hésitent pas à insulter toute personne qui leur oppose son désaccord. Pour eux, le camp des Justes est celui qui se dresse contre le régime actuel, point à la ligne. Sinon, non seulement on est un partisan déclaré du gouvernement mais on est même payé par l’Etat.

On le voit, le choix est limité. Si ces gens qui se prétendent « opposants politiques » au régime tunisien veulent réellement la liberté pour toutes et tous, qu’ils fassent preuve d’honnêteté et commencent par accepter le point de vue de ceux qui les contredisent.

Ils sont contre le gouvernement, c’est leur droit ; mais qu’ils laissent autrui forger son avis personnel sur la question sans l’abreuver d’insultes et sans lancer à tort et à travers contre lui des accusations plus ridicules les unes que les autres.

C’est là que réside la vraie liberté. Ne faut-il pas donner si l’on veut recevoir ?. Si ces gens étaient au moins tolérants et ouverts d’esprit, l’opinion publique leur aurait donné raison depuis belle lurette. Mais actuellement, ils sont au contraire les ennemis de la liberté et de l’Humanité.

Or, quel intérêt y a-t-il dans cette prétendue opposition si le but qu’elle poursuit est de substituer une dictature à une autre ? Et je vise ici tout particulièrement l’opposition islamiste qui pleurniche et se lamente sans fin sur le manque de liberté qu’elle rencontre en Tunisie.

3- La forme revêtue par cette opposition ou cette critique se manifeste à 80% à l’encontre de personnes physiques, sans que, dans la plupart des cas, soient apportées de preuves. « Ce ministre- ci est un voleur ! L’épouse du président a fait telle ou telle chose ! Sa fille, quant à elle, a été vue portant une minijupe dans une boite de nuit !… »

Voilà le genre d’attaques auxquelles se livrent ces prétendus opposants – et j’en ai omis pas mal ! C’est ce que l’on appelle en arabe « takti wa taryich » et, en français : les ragots, le commérage.

Mais est-ce vraiment de la critique ? S’agit-il d’une façon valable et digne de manifester son opposition ? Dans ce genre de bavardages et de radotages haineux, où voit-on qu’il y ait un réel projet politique et social ? Et après cela, les opposants islamistes ont le culot d’affirmer que, en Tunisie, la liberté n’existe pas !

Mais depuis quand, en quel pays, la diffamation représente-t-elle une quelconque liberté ? En Europe par exemple, a-t-on le droit de diffamer de cette façon les chefs politiques ou même Monsieur et Madame Tout-le-monde ? (Je ne parle évidemment pas d’une certaine presse à scandale.) Évidemment non.

Les diffamateurs seront d’abord appelés en Justice et ce sera à cette dernière de trancher.(Il arrive même que les magazines à scandales européens soient condamnés !) En parallèle, cette même Europe laisse pourtant les mêmes opposants diffamer tout le monde et personne sur leurs sites Web, et ceci sans qu’aucune preuve soit apportée.

Par ignorance des réalités véritables du terrain ou par intérêt idéologique pour certains, les médias européens n’hésitent pas à appeler « opposants » ceux qui ne sont en fait que des terroristes islamistes. Certains parmi ces medias vont jusqu’à rechercher des scoops scandaleux pour fidéliser leurs lecteurs ou auditeurs, soutenant ainsi ces soi-disant opposants dont ils présentent les conclusions arbitraires, à savoir qu’il n’y a pas de liberté d’expression en Tunisie, comme la vérité absolue.

Le problème est vaste, il ne saurait être dissocié de son contexte. Il faut prendre en considération tous les facteurs sociaux et commencer par apprendre aux jeunes dès l’école ce que signifient exactement les mots « critique » et « liberté » si nous voulons par la suite l’appliquer aux autres – ou la leur réclamer.

L’Europe, qui se croit si libre, devrait commencer par faire son autocritique. A Tunis, c’est vrai, on emprisonne des journalistes tunisiens et on censure d’autres journalistes étrangers. Mais aux États Unis on les tue et les bombarde carrément…. En Europe l’information est déformée et/ou cachée aux citoyens en fonction des médias qui la présentent. Ce qui n’empêche par l’Europe de prôner la liberté d’expression et les droits de l’Homme !!!!!

On oublie toujours que c’est l’Europe qui, après l’Arabie saoudite, a été l’une des premières à soutenir et donner refuge aux criminels islamistes. Parce que l’Europe, à mon avis, a toujours été hostile aux esprits libres du monde arabo-musulman ….

Un peu comme si, sous peine de mourir, la liberté ne pouvait être vue que par un œil européen ; un peu comme si la démocratie ne pouvait venir que de l’Occident et comme si l’Orient ne pouvait donner naissance qu’à des dictatures, militaires ou religieuses. On accuse tel pays d’être une dictature parce qu’il combat une opposition armée. Les Etats-Unis par contre ont le droit d’assassiner des combattants dont le seul tort est d’avoir voulu libérer leur pays d’une colonisation étrangère.

Certains justifient de pareils actes par la démocratie et les droits de l’Homme ! On bombarde des civils mais on jure le faire pour la meilleure des causes : combattre le terrorisme. Quelle est la différence entre un Saddam qui combattait et assassinait ses opposants et les Etats Unis qui combattent et assassinent ces mêmes opposants parce qu’ils refusent une nouvelle dictature et une occupation étrangère !!!????? (On pourrait d’autant plus facilement affirmer qu’il n’y en a aucune que, tout le monde le sait, les Américains ont été les protecteurs de Saddam Hussein avant de devenir ses ennemis les plus acharnés.)

Cela ne devrait-il pas nous pousser, tous tant que nous sommes, à réfléchir un peu plus avant de dire n’importe quoi comme avant de demander quoi que ce soit aux autres ????? Les donneurs de leçons, tels l’Europe et les Etats-Unis, devraient se remettre en question avant de juger les autres puissances …

Avant de lancer des accusations gratuites, il est important pour certains de réviser la définition qu’ils entretiennent du mot « liberté » et de bien d’autres. La liberté doit être universelle et s’étendre à tous : hommes certes mais aussi femmes et enfants, partout et en tous lieux, sauf à l’égard des liberticides qui, comme les islamistes et la majeure partie des fanatiques (politiques ou religieux) contestent le droit à la différence sexuelle, ethnique et religieuse …

En ce qui me concerne, je me sens énormément plus en liberté à Tunis que je ne le suis en Europe – enfin tel est bien le cas jusqu’à maintenant : je croise les doigts. Personne ne m’y dérange, personne ne m’y fait de chantage.

En revanche, quand je vivais en France, j’ai été contacté par les services secrets qui m’ont mis en mains le marché suivant : ou bien je travaillais avec eux et l’on me donnait alors tout ce que je désirais pour m’aider ou bien on me laissait tomber et me débrouiller seul – tout seul. Ma réponse fut très claire : je ne travaille que pour moi.

Selon moi, la liberté à l’européenne n’est qu’un grand mensonge qui laisse croire au citoyen qu’il est libre alors qu’il ne dispose en fait d’une liberté très restreinte. Elle lui fait croire qu’il vit dans un pays démocratie alors que la vérité est tout autre.

Elle lui laisse croire qu’il est seul responsable du choix de ses représentants alors qu’il les a élus suite à un vaste lavage de cerveau orchestré par les media. La seule différence, c’est qu’en Europe on fait toujours les choses avec un tel art, un tel doigté que, immanquablement, elles présentent une apparence des plus flatteuses …

Tandis que, chez nous, on est loin, bien loin de maîtriser cet art de faire… Par conséquent, soit nous apprenons à exceller nous aussi dans les apparences afin de donner au monde extérieur l’image « politiquement correcte » qu’il attend, soit nous devenons libres en appliquant nos propres valeurs.

Ce sujet est évidemment très complexe. Il n’est nul endroit au monde où la politique ait jamais été honnête. Elle manipule facilement les populations, les religions et les sectes comme elle l’entend, dans le seul but d’orienter et de dominer en fait le discours qu’elle nous fait croire nôtre.

Dans la même optique, elle n’accuse que ceux qu’elle a désignés, à tort ou à raison, comme des coupables. C’est pour cela et pour rester libre que je refuse de rentrer dans son jeu.

En fait, avant de donner mon avis, je cherche l’information et me renseigne sur elle. Surtout, je ne me fie pas qu’à une seule source et je n’accuse pas gratuitement. Personne n’est parfait et chacun a ses défauts et ses qualités. D’où le besoin de discussion et donc de liberté d’expression, seuls garants de notre évolution future. Certes je ne vais pas prétendre que la Tunisie est un pays libre mais l’Europe non plus ne l’est pas.

La société européenne a par contre beaucoup évolué, notamment à partir du XVIIIème siècle, et arrive de ce fait tant bien que mal à donner à ses peuples des gouvernements plus ou moins démocratiques. En revanche, dans les pays arabo-musulmans, nos sociétés sont par trop en retard, ce qui permet à l’ensemble de leurs gouvernants de profiter de cette situation pour maintenir, voire accroître ce retard socio-religieux.

Nos sociétés, c’est également vrai, n’aident guère le peuple à prendre et à conserver un pouvoir qui serait démocratiquement construit – aussi démocratiquement en tous cas qu’il l’est en Europe. Notre situation est donc très grave, tant sur le plan social que sur le plan politique et il serait extrêmement dangereux de nier le fait ou de le traiter à la légère.

Il suffirait déjà de prendre en considération quelques paramètres tels que la situation sociale et la stabilité politique et économique pour déblayer un peu le terrain. La priorité, avant d’accuser tel ou tel pays de dictature ou de censure, c’est de nous mettre tous d’accord sur ce que représente la liberté.

Nous devons cesser de considérer un bien si précieux selon les normes européennes, les normes américaines ou même les normes saoudiennes et admettre définitivement des normes universelles et humaines où l’on accordera une liberté de réflexion propre à chaque pays.

Au lieu de venir ici pour filmer nos malheurs, « Le sommet de l’intox » que les journalistes américains et européens commencent par filmer leurs malheurs chez eux et surtout qu’ils donnent enfin la parole aux esprits libres du monde arabo-musulman qui sont selon moi les seuls à connaître suffisamment bien la situation dans laquelle nous nous trouvons pour proposer des solutions adéquates.

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