Contents
- 1 L’état qui précède cette existence
- 1.1 Clés de compréhension du vide absolu
- 1.2 Le rôle des noms et la signification du mot “vide”
- 1.3 Le symbole de l’eau
- 1.4 Pourquoi ne pouvons-nous pas décrire le vide ?
- 1.5 Du vide au souffle : la naissance de l’existence
- 1.6 Le vide a-t-il voulu cela ?
- 1.7 Du souffle à la conscience
- 1.8 Les trois attitudes gnostiques face au vide absolu
- 1.9 Pensée finale
L’état qui précède cette existence
🔹 Sais-tu que tu es ignorant ? Et l’acceptes-tu ?
🔹 L’ignorance pourrait-elle être l’origine, et la connaissance simplement l’exception ?
🔹 Comment la connaissance peut-elle émerger de l’ignorance, comme la lumière surgit du cœur des ténèbres ?
🔹 L’existence est-elle la clé pour comprendre ce qui la précède, ou est-ce la compréhension de ce qui la précède qui en est le fondement ?
🔹 Et quel est le lien entre tout cela et l’idée de la Trinité ?
🔹 La gnose n’est-elle qu’une expérience spirituelle, ou bien une forme de connaissance qui, un jour, pourrait être traduite en technologie ?
🔹 Comment la science pourrait-elle transformer ce type de connaissance en réalité concrète ?
🔹 Sommes-nous en train de rendre la gnose accessible à tous ? Et chaque être humain est-il fondamentalement capable de devenir un gnostique ?
Nous l’avons déjà dit, et nous le répétons : cette phase de la gnose est parmi les plus difficiles — non seulement pour ceux qui reçoivent la connaissance intellectuelle, mais encore plus pour ceux qui vivent l’expérience directe.
On pourrait dire que les gnostiques de haut niveau, lorsqu’ils atteignent cette phase, y restent souvent longtemps — certains ne la quittent jamais jusqu’à la mort — sauf s’ils reconnaissent leur propre ignorance. Comme Platon l’a dit à propos de Socrate : « Je sais que je ne sais rien. » La vraie connaissance commence par l’aveu de l’ignorance.
Peu importe la somme de savoirs accumulés, le gnostique doit admettre que la certitude sur cette phase demeure hors de portée — pour l’instant. Ceux qui refusent cette reconnaissance restent piégés, incapables de saisir la véritable nature de l’existence.
Certains gnostiques sont allés plus loin encore, affirmant que même si un jour nous comprenions cette phase, il en existera toujours une autre, antérieure, entièrement hors de notre portée.
Ainsi, l’ignorance demeure constante. C’est là que naît la maxime gnostique : « L’ignorance est l’origine, et la connaissance l’exception. » Il y aura toujours une étape que nous ne comprendrons pas, quel que soit notre degré d’évolution. Et c’est cela même qui pousse l’humanité à chercher — car l’ignorance est le moteur principal de toute quête de sens. Voilà où intervient la gnose comme voie de salut : on la cherche parce qu’on ne sait pas. Sans ignorance, la connaissance ne serait pas un chemin de libération — tout comme, sans obscurité, la lumière ne serait pas nécessaire.
Si tu veux savoir, il faut d’abord reconnaître que cette phase — que nous appelons le vide absolu — est totalement inconnue. Elle est le commencement, la source de cette existence. Mais l’appeler “commencement” ou “source” ne signifie pas qu’elle est la première ou l’unique — il pourrait exister d’autres états, totalement hors de notre conscience.
Cependant, ce qui importe ici, ce n’est pas ce qui est totalement inconnaissable, mais ce qui précède directement cette existence — car comprendre cela est essentiel pour comprendre l’existence elle-même.
C’est pourquoi les gnostiques éclairés reviennent à cette existence — non pas pour errer, mais pour comprendre ce qui peut être saisi, en laissant l’inconnu à l’inconnaissable. Ils savent que « si l’on ne peut tout connaître, il ne faut pas pour autant renoncer à comprendre une partie. »
Ils se concentrent donc sur ce qui est accessible à l’esprit, au lieu de se perdre à vouloir saisir ce qui, à ce stade, dépasse toutes les limites de la pensée.
Notre présence dans ce monde est une opportunité de comprendre au moins cette existence — car peut-être cela nous permettra un jour d’éclairer l’inconnu, d’en percer le mystère.
Le point clé est le suivant : le vide absolu est la phase mystérieuse qui précède directement cette existence. La recherche s’arrête là — jusqu’au jour où nous pourrons en percer le secret — que ce soit depuis l’intérieur de cette existence ou depuis au-delà.
Cela ne signifie pas que ce qui précède le vide n’existe pas. Cela signifie simplement que nous ne pouvons en parler tant que le vide lui-même ne nous est pas intelligible. Pour l’instant, nous devons revenir à notre réalité présente et contempler comment elle a émergé de ce vide — comment la lumière est née des ténèbres.
Comme tu le sais, les gnostiques de haut niveau divergent dans leur vision de ce “vide absolu” entièrement inconnu. Ils se répartissent en trois grandes écoles :
Les déistes
Les athées
Les indifférents
Clés de compréhension du vide absolu
Cette phase n’est ni divine ni satanique.
Elle ne possède ni volonté, ni esprit, ni loi.
Elle n’intervient pas, ne récompense pas, ne punit pas.
Elle dépasse toute dualité morale et toute métaphore religieuse.Elle représente la forme la plus pure de l’ignorance.
Pas dans le sens de la stupidité, mais dans le sens d’une absence totale :
aucune connaissance, aucune conscience.
C’est l’état qui précède toute forme de conception — avant le moi, avant l’autre.Elle précède toutes les catégories connues :
le temps, l’espace, la logique, la création, l’identité, la lumière, la matière, l’énergie…
C’est la négation ultime, antérieure à toute affirmation.Elle est la véritable origine.
Mais pas dans le sens religieux d’un “Créateur” ou d’un “Être suprême”.
Elle est plutôt le sein noir, obscur et silencieux, d’où sont nés l’être, la pensée et la conscience.
Le rôle des noms et la signification du mot “vide”
Lorsque nous parlons du vide, nous ne faisons pas référence à un lieu ou à un espace.
C’est un terme symbolique qui désigne l’absence ayant précédé toute présence.
C’est pourquoi les gnostiques disent :
« Le vide n’est pas une chose — c’est l’absence de toute chose. »
Cette distinction est essentielle, car l’esprit humain a tendance à tout transformer en objet ou en concept.
Mais le vide absolu, lui, est l’absence de tous les objets, de tous les concepts, de toutes les dimensions.
Le symbole de l’eau
L’eau est le symbole le plus puissant utilisé par les gnostiques pour désigner cette phase.
Pourquoi ?
Parce que l’eau n’a pas de forme propre.
Elle s’adapte à tout, emplit tout, ne résiste à rien.
Le vide est comme l’eau :
Il donne naissance à toutes les formes, sans en avoir lui-même.
Il précède la vie, sans être vivant.
Il contient, sans être contenu.
C’est pourquoi, dans les traditions anciennes — sumérienne, égyptienne, hindoue, chinoise, et même dans certains textes mystiques abrahamiques — “l’eau primordiale” représente l’état originel.
Dans la gnose, l’eau symbolise le potentiel pur :
tout émerge d’elle, mais elle-même reste intacte.
Pourquoi ne pouvons-nous pas décrire le vide ?
Parce que toute description suppose un contraste.
Et dans le vide absolu, il n’y a rien à opposer à rien.
Il n’y a ni soi ni autre, ni ombre ni lumière, ni mouvement ni immobilité.
Ainsi, tout langage échoue.
Nous ne parlons pas du vide pour l’expliquer —
mais pour pointer au-delà des limites de la compréhension.
C’est pour cette raison que les gnostiques les plus avancés recourent aux symboles et aux métaphores —
non pour simplifier,
mais pour protéger l’esprit de l’effondrement.
L’esprit ne peut pas affronter directement le néant pur :
il doit l’approcher progressivement, symboliquement.
Du vide au souffle : la naissance de l’existence
Du vide absolu a surgi le tout premier phénomène :
le Souffle.
Un terme symbolique utilisé par les gnostiques pour désigner la subtile transition entre le non-être et l’être.
Ce souffle n’est ni une volonté divine, ni un son, ni une force au sens ordinaire.
C’est une forme de vibration, ou de perturbation à l’intérieur même du calme du vide.
Ce n’est pas un mouvement dans l’espace — car l’espace n’existait pas encore —
mais une impulsion, une pulsation, au sein même de l’absence.
Les gnostiques disent :
« Du silence le plus silencieux naquit le premier souffle…
Non prononcé, non entendu — mais ressenti à travers l’âme du vide. »
Ce souffle est le commencement du commencement.
Il portait en lui le potentiel de tout :
la lumière, le son, la dimension, le temps, l’être, la conscience de soi.
C’est de ce souffle que toutes les polarités sont apparues :
la lumière et l’obscurité
le soi et l’autre
la vie et la mort
la forme et l’informe
l’esprit et la matière
Ainsi débuta l’architecture de la réalité.
Le vide a-t-il voulu cela ?
Non. Selon la gnose, le vide n’a pas de volonté.
Il n’agit pas avec intention ou désir.
L’émergence du souffle à partir du vide n’est pas un acte de création.
C’est une manifestation spontanée, un déploiement,
comme une graine qui germe — non parce qu’elle décide de germer, mais parce qu’elle ne peut faire autrement.
Les gnostiques rejettent l’idée d’un créateur tout-puissant à ce stade.
Non parce qu’ils nient le sacré,
mais parce qu’ils le placent ailleurs.
Le souffle est sacré — non pas parce qu’il a été voulu,
mais parce qu’il a été le premier.
Il est le premier miroir dans lequel le vide a entrevu un reflet de lui-même.
Du souffle à la conscience
Le souffle, en s’étendant, a donné naissance à la conscience.
Pas à une conscience totale,
mais à la première ombre de conscience —
le plus subtil des murmures du « je suis ».
C’est là que commence le chemin gnostique :
du vide ➝ au souffle ➝ à la conscience ➝ à la séparation ➝ à la question ➝ au voyage.
Tout le reste de l’existence dérive de là.
Et le rôle du gnostique est de remonter le chemin inverse —
non pour effacer l’existence,
mais pour revenir avec compréhension.
Les trois attitudes gnostiques face au vide absolu
À travers l’histoire, les gnostiques ont abordé la notion du vide absolu selon trois grandes attitudes, chacune reflétant une posture particulière face à l’ignorance, à l’existence et au sens.
1. Le gnostique déiste
Ce gnostique voit dans le souffle la trace d’une volonté cachée.
Bien que le vide n’ait pas d’intention, il croit que le souffle contient une finalité interne.
Il parle d’un Dieu subtil, non pas à l’image des dieux religieux,
mais entrelacé à l’être lui-même,
dont la présence n’est pas autoritaire, mais essentielle,
comme la gravité ou le temps.
Pour lui, le souffle n’est pas un accident,
mais une nécessité sacrée —
non pas un ordre, mais une conséquence inévitable.
Ce gnostique croit en un sens,
même si ce sens lui échappe encore.
2. Le gnostique athée
Ce gnostique suit le même parcours — vide ➝ souffle ➝ être —
mais il rejette toute idée de volonté ou de but supérieur.
Il voit l’apparition du souffle comme un hasard naturel,
une inévitable équation cosmique —
ni sacrée, ni maudite — juste réelle.
Il ne cherche pas un sens dans l’origine,
mais dans ce qui en découle :
la vie, l’intelligence, la compassion, la libération.
Son voyage ne tend pas vers une réunion divine,
mais vers une compréhension totale de cette réalité,
afin de devenir libre à l’intérieur d’elle.
Pour lui, le souffle n’est pas sacré —
mais le fait même que nous puissions en être témoins est ce qui le rend admirable.
3. Le gnostique indifférent
Ce gnostique n’affirme ni ne nie.
Il voit le vide, le souffle, l’être —
mais choisit de ne pas y attacher de croyance, d’espoir ou de doute.
Il vit dans la conscience,
mais ne cherche ni à dominer ni à expliquer.
Son chemin est celui de l’observation silencieuse —
non par apathie,
mais par humilité.
Il ne parle ni de dieu, ni de science, ni de destinée.
Il marche, simplement.
Et dans son silence, il perçoit parfois des vérités
que déistes et athées manquent.
Pensée finale
Peu importe le chemin qu’emprunte le gnostique,
il revient toujours au même point :
la frontière entre l’inconnaissance et la connaissance,
entre le souffle et le silence,
entre l’être et le vide.
C’est là qu’il attend —
non pas une réponse,
mais le prochain souffle.